Ah le Botox…ce produit miracle qui fait disparaitre les rides tel un élixir de jouvence. Le sujet (sensible, je sais) me démange depuis des lustres, j’ai beaucoup à dire et surtout: à vous demander car j’ai bien envie de connaître votre avis sur ce sujet brûlant.
Le Botox: comment ça marche ?
Commençons par le commencement: le Botox est le nom commercial de la toxine botulique (ou botulinique) qui est :
une toxine sécrétée par Clostridium botulinum, la bactérie responsable du botulisme (toxi-infection alimentaire généralement contractée lors de la consommation de conserves et responsable de paralysies musculaires). Il s’agit d’une protéine dont les propriétés neurotoxiques en font le plus puissant poison connu avec une DL50 estimée chez l’humain entre 1,3 et 2,1 ng/kg par voie intraveineuse ou intramusculaire et entre 10 et 13 ng/kg par inhalation2 (soit 40 millions de fois plus que le cyanure). La toxine est thermolabile mais résistante aux acides et aux sucs digestifs. (source wikipédia)
Je ne sais pas vous mais moi quand je lis ça, ça me refroidit déjà.
Le Botox: à quoi ça sert ?
Ou plutôt pourquoi on s’en sert ? Il existe plusieurs types d’utilisation du botox en réalité (contre l’hypersudation, les migraines, le bruxisme, certaines maladies… ) mais on va s’intéresser surtout au domaine de l’esthétique.
En injectant de faibles doses de toxine botulique, on paralyse littéralement les muscles, ce qui permet d’atténuer les rides d’expression pendant quelques mois. Résultat: moins de rides mais un visage « figé », mono expressif.
Ainsi, les zones traitées sont en particulier les rides du front (on fige les muscles « hausseurs »), les rides « du lion » (on fige les muscles fronçeurs), les rides « pattes d’oie » au coin externe des yeux « (on fige les muscles « rieurs »).
Le phénomène de société
Dans un premier temps, le sujet a été tabou: les femmes qui avaient recours à cette technique ne s’en vantaient pas. Puis certaines langues ont commencé à se délier, dans le milieu du spectacle. Certaines artistes ainsi formidablement « conservées » (et de manière un peu plus subtile qu’avec un recours au lifting) on admis avoir recours à des injections de botox.
C’est là que ça a commencé à me titiller: les expressions c’est quand même la base du travail d’une actrice, n’est-ce pas ? On a pourtant commencé à voir des actrices mono-expressives, lisses, se mettant en colère sans froncer les sourcils.
Fort heureusement, beaucoup se sont rendues compte de la bêtise et n’ont pas réitéré les injections, certaines militent même contre le botox. Il commence à y avoir une prise de conscience à hollywood.
You can’t have too many good times, children. You can’t have too many lines. Take a good look at these crows feet sitting on the prettiest eyes.
Julie Delpy est un exemple fringuant de femme que j’admire, voici un morceau d’interview concernant sa vision de l’âge et du botox (d’autant plus intéressant par son statut d’actrice):
As you age, have you ever felt pressure to change the way you look in order to still appear for roles? (du fait que vous prenez de l’âge, avez-vous ressenti de la pression pour changer votre apparence afin de décrocher des rôles ?)
It’s a weird obsession that I find very sad, because I think it’s okay to age. Who cares if you get older? It’s not such a big deal. I’m not very attached to my looks either. I know it’s weird because as an actress I should care, but I don’t. (C’est une obsession étrange, que je trouve très triste car je pense qu’il est normal de vieillir. Qui se soucie du fait que vous prenez de l’âge ? Ce n’est pas important. Je ne fais pas beaucoup attention à mon apparence non plus. Je sais que c’est bizarre car en tant qu’actrice je devrais m’en soucier, mais je m’en fous.)
So it’s safe to say you won’t be starting Botox any time soon. (Alors on peut dire que vous n’êtes pas prête de commencer le Botox)
I’ve never done Botox – I don’t want to do it, it terrifies me. Maybe people think that I am crazy for not doing Botox, but I don’t care. It’s a form of insecurity. I think Botox is a form of madness. Some people will say it’s great, but I think it’s a form of neurosis, of sickness. It’s the same kind of obsession as people who throw up to stay skinny. People shouldn’t be so obsessed with their appearance; they should care about who they are. (Je n’ai jamais fait de Botox – et je ne le veux pas, ça me terrifie. Peut-être que les gens pensent que je suis folle de ne pas faire de botox mais je m’en fous. C’est une forme d’insécurité. Je pense que le botox est une forme d’aliénation. Certaines personnes diront que c’est génial mais je pense que c’est une forme de névrose ou de maladie. C’est le même genre d’obsession que les personnes qui vomissent pour rester maigres. Les gens ne devraient pas être obsédés par leur apparence; ils devraient se préoccuper de qui ils sont.)
Has that gotten worse in recent years (Est-ce que ça a empiré ces dernières années ?)
Beauty and youth have always been an issue, no matter how far in history you go back. Powerful people need to stay young and energetic looking; you see plastic surgery on businessmen and businesswomen nowadays. (La beauté et la jeunesse ont toujours été une préoccupation peu importe le moment où vous remontez dans l’histoire. Les personnes influentes ont besoin de rester jeunes pour paraitre dynamiques, de nos jours on voit de la chirurgie esthétique sur les hommes et les femmes d’affaire)
Je ne saurais que vous conseiller son film La Comtesse qui explore en profondeur la légende de la « comtesse sanglante » en traitant le sujet de la femme de pouvoir dans toute sa complexité et son ambiguïté (dont la peur de vieillir…).
Après ce témoignage fort (et dont, je ne vous le cache pas, je partage les idées), intéressons-nous à ce qui fait peur: la démocratisation du Botox.
Les Botox Party
Comble de la banalisation, le concept de Botox Party (illégal en France) est assez hallucinant: on invite ses copines à une petite réunion (pas tupperware mais botox) pour se faire faire des injections, au mieux par un médecin, souvent par l’hôtesse de maison (qui profite d’une belle ristourne sur le produit).
La propagande Botox
J’en viens à ce qui m’a fait prendre ma plume: la propagande du botox sur les blogs en particulier.
Sur les blogs français, cela reste timide mais je ne donne pas encore beaucoup de temps à cette réserve: j’ai été moi-même contactée par un médecin esthétique, qui m’invitait à découvrir le traitement des rides profondes et superficielles et à assister des injections d’acide hyaluronique et de botox « autour d’un cocktail » (sic) 😒 .
Sur les blogs étrangers, c’est carrément devenu naturel d’en parler, autant que de présenter la dernière crème anti-rides.
Jusque là, chacune fait ce qu’elle veut, si avoir recours au botox ou autre médecine esthétique peut permettre à quelqu’un d’aller mieux et à mieux s’accepter: pourquoi pas ?
Là où ça commence à me gêner c’est que les blogueuses peuvent avoir une influence sur leur lectrices. Je parle en tant que lectrice de blogs, je me sens moi-même influencée par les personnes que le lis: parce que je me reconnais en elles, parce que j’ai les mêmes goûts, parce que j’aime leur manière de s’exprimer. Bien sûr on a notre libre-arbitre et surtout en tant qu’adulte on sait faire la part des choses (encore que: quelle beauty addict n’a jamais craqué sur un produit montré par une blogueuse de manière totalement compulsive ?).
Mais le lectorat d’un blog est fait de toutes sortes de personnes: plus ou moins bien dans leurs baskets, plus ou moins influençables, plus ou moins jeunes.
Il y a quelques années on râlait contre les magazines qui offraient aux lectrices une image faussée et photoshoppée de la femme: on ne fait pas mieux aujourd’hui sur la plateforme blog.
Autrefois, on en voulait aux magazines féminins de nous faire croire que la norme était la taille 34-36, aujourd’hui j’en veux aux blogs de nous faire croire qu’il est normal et naturel de faire (ou même d’essayer, « pour le fun ») des injections de botox (je ne parle même pas des injections dans les lèvres et autres joyeusetés).
Thick lipstick on a five year old girl
It makes you think it’s a plastic world
A plastic world and we’re all plastic too
Just a couple of different faces in a dead man’s queue (One God – The Beautiful South)
Ce qui m’a fait réagir: il y a quelques jours, je suis tombée totalement par hasard sur un article d’une blogueuse américaine sur le botox. Elle a commencé le botox à l’âge de…21 ans. Elle en a 30 aujourd’hui et continue de traquer le moindre début de ride sur son front.
Dans tout l’article elle use des superlatifs à propos de son expérience (awesome, amazing…) et à la fin on comprend que sa dernière injection a été offerte par un cabinet afin qu’elle en parle sur son blog.
La quête de la jeunesse… dès le plus jeune âge
A la fin de ma lecture j’étais estomaquée, et j’ai commencé à faire quelques recherches et je me suis rendue à l’évidence: il existe aujourd’hui une tonne d’articles sur le botox, venant de blogueuses de 20 ans. 20 ans. Le monde devient fou ou c’est moi qui suis totalement à la ramasse ? A ce moment là, je suis tombée sur des infos qui m’ont fait froid dans le dos: aux Etats-unis on préconise le Botox à partir de 18 ans et on traite même régulièrement des sujets plus jeunes. Les actrices se présentant à des castings de séries « ado » (Glee etc) font également des injections pour avoir l’air plus « fraîches ».
Mais si c’est ce billet qui m’a fait réagir cela fait bien longtemps que je suis déçue de lire mes blogueuses ou youtubeuses beauté favorites passer du côté obscur (pour en citer quelques unes: les Pixiwoo, Marlena de Make up geek…). Le business de la médecine esthétique est en plein essor, jouant sur nos doutes et nos faiblesses (sans parler de l’effet de mode) et au passage aggravant l’insécurité de celles qui ne sont pas passées sous l’aiguille.
Par ailleurs, n’oublions pas que l’état de notre peau dépend en grande partie de notre hygiène de vie: pas d’abus de tabac, de soleil, pratique du sport, bonne hygiène alimentaire. On peut s’aider de crèmes anti-âge pour garder une bonne hydratation de la peau et une bonne élasticité.
Et l’arrivée des rides n’est pas un drame, si vous avez des rides c’est que vous avez vécu: de bons ou mauvais moments mais c’est ce que vous êtes. Et ne me dites pas que vous n’avez jamais trouvé de charme à des personnes marquées par les rides ? Du magnétisme ?
Je suis curieuse de connaître votre avis sur le sujet, vous avez été attirée ou pas par le Botox ? Vous pensez quoi de cette banalisation et de cette « propagande » naissante sur la blogosphère ?
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